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10 mai 2007

Sarkozy et l'éducation (Le Monde daté du 10 Mai 2007)

Libéraliser le système éducatif
«Les ZEP
accroissent
les inégalités
sociales au lieu
de les réduire
parce qu’elles
aggravent la
ségrégation
urbaine en raison
des stratégies
de fuite qu’elles
provoquent »

Suppression de la carte scolaire, autonomie
des établissements, rémunération
des enseignants au mérite,
encouragement du privé sous contrat à
s’implanter dans les zones sensibles : les
propositions de réforme avancées, mercredi
22 février 2006, par le président de
l’UMP, Nicolas Sarkozy, à l’issue de la
convention UMP sur l’éducation, ébranlent
les fondements du système éducatif
français. « Je ne conçois pas que nous puissions
imaginer ensemble la France d’après
sans avoir un projet pour l’école. Notre
devoir est de prendre des risques à la mesure
des objectifs que nous croyons justes »,
a-t-il affirmé dans son discours. Quinze
mois avant l’élection présidentielle,
M.Sarkozy a donc pris le risque de se mettre
à dos une partie du corps enseignant.
Les organisations syndicales ont réagi
très vite. Le SGEN-CFDT a qualifié
M. Sarkozy de « chantre du libéralisme ».
L’UNSA-éducation a estimé que ses propositions
constituaient « une synthèse
libérale et conservatrice ».
Rare personnalité marquée à gauche
invitée à la convention, le secrétaire général
de la FSU, principale fédération syndicale
de l’éducation, Gérard Aschieri, s’est
prononcé contre la suppression de la carte
scolaire : « Ce n’est pas en libéralisant
la carte scolaire que l’on parviendra à progresser
vers la mixité sociale et à sortir de la
ghettoïsation de certains établissements. »
Une conviction pourfendue par
M. Sarkozy, qui fait du « libre choix des
établissements par les parents » son principal
credo. A l’inverse de la carte scolaire,
qui constitue, selon lui, « un privilège
pour les uns, une fatalité pour les autres »,
le libre choix crée « une émulation entre
les établissements et incite chacun d’entre
eux à améliorer ses performances ».
Pour réussir une telle réforme,
M. Sarkozy prône une autonomie
renforcée des établissements.
Chacun d’entre eux
devrait ainsi pouvoir se doter
d’un projet éducatif spécifique
« en contrepartie de la liberté
d’affecter librement 20 % de son
budget à la mise en oeuvre »
dudit projet. Il a aussi souhaité
« valoriser ceux qui exercent
dans les conditions les plus difficiles
» et « améliorer la rémunération
et le pouvoir d’achat des
enseignants volontaires ».
Le président de l’UMP a par ailleurs
réitéré ses critiques à l’encontre des
zones d’éducation prioritaire (ZEP),
pourtant relancées par le ministre de
l’éducation nationale, Gilles de Robien,
qui a ouvert la convention UMP. « Les
ZEP accroissent les inégalités sociales au
lieu de les réduire parce qu’elles aggravent
la ségrégation urbaine en raison des stratégies
de fuite qu’elles provoquent », a affirmé
M. Sarkozy. Le président de l’UMP
propose de développer des projets d’établissement
d’excellence à l’image du
lycée expérimental initié en Seine-Saint-
Denis par Gilbert Béréziat, président de
l’université Pierre-et-Marie Curie (Paris-
VI) et par Richard Descoings, directeur
de Sciences Po Paris.
M. Sarkozy souhaite que « les établissements
sous contrat, qui veulent
ouvrir des antennes ou des écoles
dans les zones moins favorisées
soient encouragés à le faire, alors
qu’ils en sont aujourd’hui dissuadés
». Cette main tendue au privé
risque de rallumer les
vieilles querelles entre partisans
de l’école publique et de
l’école « libre ». Le nombre
d’établissements privés implantés
en ZEP se compte actuellement
sur les doigts d’une main.
S’ils ont toute liberté de s’y installer,
ils doivent largement
financer leur implantation.
Enfin, les propositions du président
de l’UMP écornent certains points de la
loi d’orientation sur l’école de François
Fillon, pourtant conseiller de Nicolas
Sarkozy sur l’éducation. Ainsi, parmi
« les changements concrets qui donneront
à l’école un visage plus moderne »,
M. Sarkozy a défendu le développement
du sport, discipline absente du socle commun
de connaissances définie par la loi
Fillon. (…)
(24 février 2006.)
(…) M. Sarkozy s’engage à augmenter
de 50 % le budget de l’enseignement
supérieur d’ici à 2012, soit 5 milliards
d’euros de plus qu’aujourd’hui. Cet effort
n’aura pourtant, selon le patron de
l’UMP,« aucun effet s’il continue d’alimenter
un système qui conduit 45 % des étudiants
à l’échec et tant de diplômés au chômage
».
Pour lui l’amélioration du système passe
par une orientation plus sélective des
étudiants. M. Sarkozy souhaite notamment
créer « un service public de l’orientation
(…) mieux connecté avec le monde du
travail ». Il fournirait des informations
sur les débouchés des filières et la qualité
des enseignements. Les universités, de
leur côté, devront donner au futur étudiant,
au moment de son inscription, leur
avis sur ses chances de réussite dans telle
ou telle filière.
Cette piste de réforme rejoint la récente
proposition de François Goulard,
ministre délégué à l’enseignement supérieur,
d’instaurer pour les lycéens un système
de préinscription à l’université afin
de les aider à s’orienter.
Mais le patron de l’UMP veut aller
plus loin. Tout en affirmant la nécessité
d’augmenter les capacités d’accueil de
l’enseignement supérieur, il s’est prononcé
pour « des limites » au financement de
filières « sans débouchés ». « Que des étudiants
veuillent persister dans ces filières,
c’est, après tout, leur droit. Mais ce n’est
pas le rôle de la collectivité de les financer,
encore moins de les inciter », a-t-il estimé.
Il s’est engagé sur un terrain sensible,
celui de la sélection à l’université. Il a suggéré
d’instaurer à l’université une « réorientation
en fin de premier semestre pour
les étudiants dont les résultats seraient
insuffisants ». L’autre levier par lequel
pourrait se faire la réforme est celui de
l’autonomie. Selon M. Sarkozy, « il y a là
une vraie marge d’amélioration de notre
système universitaire ». Il propose aux universités
qui le souhaitent de les « libérer
du carcan administratif, centralisé et inefficace
qui pèse sur elles ».
Dotées d’« un statut d’autonomie réelle
», ces universités seraient « libres de
créer ou de supprimer des postes »,« de choisir
leurs enseignants et leurs chercheurs »,
« de les rémunérer comme elles veulent », de
« gérer leur patrimoine immobilier » ou
encore « de faire des choix pédagogiques en
lien avec leur environnement économique…
», a énuméré M. Sarkozy. L’Etat
conserverait lamainsur les diplômes nationaux
et se chargerait d’évaluer l’ensemble
des universités. (…)a
(6 octobre 2006.)
Catherine Rollot

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